Le navet est une plante de la famille des crucifères comme les radis, les choux, les rutabagas et le colza. Sa racine charnue, très variable dans sa forme et sa couleur, est consommée comme légume par les hommes, de même que ses feuilles. Quant aux navets fourragers, ils sont destinés à l’alimentation animale mais il s’agit d’autres variétés. La chair blanche du navet est recouverte d’une fine peau blanchâtre dont la partie supérieure forme un collet de couleur rouge ou violette et ses fanes sont oblongues et comestibles.
Cette plante semble avoir été consommée à l’état sauvage bien avant le début de l’agriculture, mais c’est au Proche-Orient que les navets ont été cultivés pour la première fois il y a 4000 ans. Connu également en Inde depuis des millénaires, le navet était fort apprécié par les Grecs et les Romains qui en offraient des spécimens en argent à leurs divinités. Même en Europe, cette racine potagère faisait partie, depuis les temps préhistoriques, des légumes que l’on consommait quotidiennement. D’ailleurs, elle gardera cette place privilégiée jusqu’à l’arrivée de la pomme de terre au XVIIIe siècle.
Aujourd’hui, c’est au Royaume-Uni que ce légume est le plus apprécié, ce pays est même le premier producteur européen de navets suivi de la France, de l’Italie et de l’Irlande. En France, la consommation de navets ne dépasse pas 1kg par an et par habitant, car cette plante a longtemps été considérée comme le légume du pauvre en raison de sa saveur amère. Heureusement, de nos jours les nombreuses variétés cultivées à saveur douce et sucrée contribuent à la réhabilitation du navet essentiellement cultivé dans la vallée du Rhône, le Centre Ouest, la Basse-Normandie et le Nord. De plus, la période des semis s’étendant de mars à septembre, on peut récolter cette plante toute l’année.
Si l’on en croit la tradition populaire, le navet serait une source de bienfaits. En effet, il est riche à 93% en eau et en fibres ce qui en fait l’allié d’un bon fonctionnement intestinal. De plus, d’apport calorique faible, le navet possède une quantité de vitamine C intéressante et bon nombre de vitamines du groupe B si bienfaisantes pour le système nerveux. C’est encore une source de minéraux, essentiellement potassium et calcium, et d’oligo-éléments comme le fer, le zinc et le cuivre.
Mais la particularité du navet, au niveau de la santé, réside dans sa teneur en hétérosides soufrés qui, s’ils peuvent rendre ce légume indigeste pour les intestins sensibles, possèdent des propriétés anticancérigènes. Ainsi, une consommation régulière de légumes crucifères comme le navet réduirait les risques de cancer du sein, des poumons et de l’estomac. Ce légume rustique s’avère être antiscorbutique, diurétique, émollient, et revitalisant. Dès lors, on comprend mieux le dicton selon lequel « qui mange du navet, gagne une année ».
Par ailleurs, ses utilisations culinaires sont nombreuses. Tout d’abord, on peut le consommer cru et le préparer en salade comme on le ferait avec des carottes. Mais le plus souvent on le mange cuit environ 15min à l’eau ou plus à la vapeur et si on veut le rendre plus digeste, il est recommandé de le blanchir dans l’eau bouillante quelques minutes avant de le préparer. Ce délicieux légume accompagne les viandes de canard, de veau et de mouton dont il absorbe les graisses. Il entre encore dans la composition des jardinières de légumes ou du traditionnel pot-au-feu et se déguste seul en gratin ou à la sauce Mornay.
Enfin, ses fanes se cuisinent comme des épinards ou enrichissent des soupes de légumes. Compte tenu de toutes ces ressources, on ne comprend pas pourquoi on associe une telle image de médiocrité à ce légume quand on dit, par exemple, d’un mauvais film que c’est un navet…