Le pois chiche est la graine d’une plante herbacée buissonnante de 20 cm à 1 m de haut qui appartient à la famille des légumineuses, au même titre que le haricot sec, le pois cassé, la lentille, la fève ou le soja. Cette plante porte des gousses dans lesquelles sont cachées 1 à 4 graines rondes ou bosselées, le plus souvent de couleur crème.
D’ailleurs son nom latin « cicer arietinum » vient de cette forme irrégulière rappelant celle de la tête d’un petit bélier (aries) et le terme latin « cicer », lui-même dérivé de la racine grecque « kickere », se retrouve dans le mot français « chiche » comme dans l’italien « cece », l’anglais « chick pea », le néerlandais « kikkererwt » ou le berbère « ikiker ». À ce propos, on dit que le célèbre orateur romain Marcus Tullius Cicero, plus connu sous le nom de Cicéron, doit son nom à la grosse verrue en forme de pois chiche qu’il avait sur la figure (il s’agit en fait d’une légende, car Cicéron était bien le patronyme porté par les siens depuis des générations et non un sobriquet). Toujours est-il que le pois chiche est connu depuis la nuit des temps…
Probablement originaire du Proche-Orient, et plus précisément d’une région qui comprend la Turquie actuelle, le nord de l’Iran et le Caucase du Sud, la culture de cette légumineuse remonterait à environ 7000 ans avant Jésus-Christ d’après les archéologues. Ensuite la production de pois chiches se serait étendue autant vers l’Inde et le Pakistan que vers les régions méditerranéennes. Déjà consommé pendant le paléolithique, notamment en Sicile, le pois chiche faisait partie de l’alimentation de base des Anciens, Égyptiens, Grecs et Romains. En effet, ils en faisaient un usage quotidien et on consommait des pois chiches grillés comme en-cas dans les rues d’Athènes. Et même si le pois chiche préfère les climats secs et chauds, il se consomme également en Europe dès le IXe siècle.
Aujourd’hui, le continent indien est de loin le plus gros producteur de pois chiches puisqu’il en livre les 2/3 de la récolte mondiale. Viennent ensuite la Turquie, le Pakistan, l’Iran, le Mexique et l’Éthiopie. Dans ces contrées qui comptent parmi les territoires les plus pauvres du monde, cette légumineuse sert d’aliment de base. Alors qu’en Europe, c’est l’engouement pour les expériences culinaires exotiques et la recherche d’alternatives à la viande qui ont réhabilité cette légumineuse dont l’Espagne est le principal pays producteur. Cependant, les variétés qui se sont développées à travers le monde sont différentes. En effet, dans les pays d’Asie, d’Afrique ou en Australie les pois chiches ont des grains noirs ou bruns et sont trois à quatre fois plus petits que ceux que l’on cultive et consomme en Europe ou en Amérique.
Quoi qu’il en soit, la valeur nutritive de cet aliment est évidente. Son principal atout étant sa richesse en protéines végétales. Car, en combinant cette légumineuse avec des céréales ou des noix on obtient des protéines qui contiennent tous les acides aminés essentiels. D’ailleurs, cette combinaison est parfaitement respectée dans un plat traditionnel comme le couscous qui associe semoule de blé et pois chiches. De plus, la teneur en glucides assimilables du pois chiche fait de lui un allié des personnes devant surveiller leur taux de sucre dans le sang. Car la réponse glycémique de la consommation de pois chiche est plus faible que celle apportée par des aliments à base de blé.
Un autre avantage de cette légumineuse est sa richesse en fibres insolubles qui aide à lutter contre la constipation, diminue le risque de cancer du colon et aide à contrôler l’appétit en apportant plus rapidement une sensation de satiété. Le pois chiche est encore précieux sur le plan cardiovasculaire, car, pauvre en matière grasse, sa consommation entraine une diminution du mauvais cholestérol dans le sang. Enfin, on y trouve des sels minéraux comme le phosphore, le potassium, le magnésium, le calcium, le sodium, le sélénium et la silice, des oligo-éléments comme l’oxyde de fer et des vitamines du groupe B, autant d’éléments précieux pour rester en bonne santé.
Pour toutes ces raisons, mais surtout pour son délicieux goût de noisette, cette légumineuse est un élément essentiel de la nourriture des 4/5 de la population de la planète. C’est l’un des symboles du Moyen-Orient et on le retrouve dans de nombreux plats traditionnels libanais. Comme le « hoummus » préparé avec de la purée de pois chiche, du jus de citron, de l’huile d’olive et de la purée de sésame ou les « falafels », sorte de boulettes assaisonnées de diverses herbes et épices et frites dans l’huile. Il est indispensable aussi à la préparation des couscous et autres tajines. Les Indiens, de leur côté, ont créé de nombreuses recettes de soupes purées et ragoûts à base de pois chiche.
Enfin, si l’on peut consommer le pois chiche en grains, cuits, rôtis ou germés, on peut aussi savourer des préparations obtenues à partir de la farine de pois chiche. Ainsi à Marseille on déguste la « panisse », en Italie des « panelli » en Inde des « Besan Puda » et beaucoup d’autres sortes de beignets ou crêpes partout dans le monde. Car, en farine ou en grains, chaud ou froid en salade, le pois chiche se prête à d’innombrables recettes. Mais, à moins de le consommer en conserve, déjà cuite, il faut prendre le soin de le faire tremper 8 à 12 heures, puis de jeter l’eau de trempage et de le rincer soigneusement avant de le faire cuire à petit feu environ 60 min.
Pour finir, on peut aussi considérer le pois chiche de façon ludique et rejoindre les habitants du Var pour fêter avec eux cette légumineuse bienfaisante. En effet, chaque année au mois de septembre, la ville de Rougiers organise une manifestation qui se clôture par un concours de souffler de pois chiche au cours duquel chaque concurrent, à plat ventre, doit faire avancer son pois chiche le plus loin possible en soufflant dessus !