La patate douce est une plante vivace de la famille des Convolvulacées, à la différence de la pomme de terre qui appartient à la famille des Solanacées. Si ces deux plantes produisent toutes les deux des tubercules comestibles, ceux de la patate douce ont une chair dont la texture et le goût rappellent ceux de la châtaigne.
Il existe plus de 500 variétés de patates douces, mais on en distingue surtout deux grandes familles: l’une à la peau violette, qui recouvre une chair blanc rosé de saveur plus sucrée et l’autre dont la peau tirant sur le rouge recouvre une chair jaune orangé dont le goût se rapproche de celui du potimarron ou de la châtaigne.
Apparue il y a 8000 ans avant notre ère en Amérique du Sud, la patate douce a été introduite en Europe, en Asie, en Afrique et en Australie par les explorateurs espagnols et portugais. Les îles du Pacifique quant à elles connaissaient ce tubercule bien avant la découverte de l’Amérique. Sa culture en France date de 1750 et le roi Louis XV en était, parait-il, particulièrement friand. Plus tard, l’épouse de Napoléon 1er, Joséphine de Beauharnais, née en Martinique, remit ce légume exotique à la mode, mais peu à peu il sera supplanté par la pomme de terre, plus populaire.
Aujourd’hui, la patate douce est largement cultivée dans toutes les régions tropicales et subtropicales du monde. Les plus grands pays producteurs en sont la Chine, l’Indonésie, le Vietnam, l’Ouganda, le Japon et l’Inde. Ainsi, 98% de cette production provient de pays en développement où la patate douce consolide la sécurité alimentaire.
Il faut dire que la patate douce présente un grand intérêt nutritionnel. C’est un aliment riche en amidon, même si son index glycémique est moins élevé que celui de la pomme de terre: 50 au lieu de 88 (ce qui diminue les risques d’obésité et de diabète liés à sa consommation). Ses bienfaits pour la santé sont par ailleurs nombreux : la patate douce contient une quantité particulièrement élevée de bêta-carotène, précurseur de la vitamine A.
D’autre part, les pigments responsables de la couleur pourpre de certaines patates douces sont eux aussi des antioxydants puissants, capables de nous protéger contre les maladies liées au vieillissement, le cancer, les maladies cardio-vasculaires et les maladies inflammatoires. À ce propos, il faut noter que la pelure de la patate douce contient davantage de ces précieux éléments que sa chair elle-même, c’est pourquoi il n’est pas dangereux de consommer ce tubercule avec sa peau, bien au contraire (ce qui n’est pas le cas de la pomme de terre, dont la peau concentre des substances nocives comme la solanine et la chaconine).
La patate douce présente encore l’avantage de fournir des fibres et des nutriments tels que le manganèse, le cuivre, la vitamine C et celles du groupe B. Il faut savoir que les feuilles de la patate douce, contrairement à celles de la pomme de terre, sont tout à fait comestibles, elles se dégustent comme des épinards et leur consommation aurait un effet protecteur sur la paroi interne des vaisseaux sanguins.
Cette patate douce est si précieuse pour la santé qu’elle est appelée dans les plaines semi-arides de l’est de l’Afrique: « Protectrice des enfants ». De plus, sa consommation est considérée comme l’une des meilleures solutions au grave problème de carence en vitamine A, entrainant une grave maladie oculaire, qui sévit dans toute l’Afrique subsaharienne.
Mais la patate douce est aussi un aliment délicieux, cuisiné de multiples façons à travers le monde. Dans l’île de la Réunion, on en fait un « cari », au Vietnam des galettes, au Japon on la fait sauter dans un wok avec d’autres légumes, en Corée on fabrique des nouilles translucides à partir de la fécule qu’elle contient, en Afrique du Nord elle côtoie les ignames dans des gratins, des couscous ou des tajines.
En effet, la patate douce s’apprête d’une multitude de façons et comme la pomme de terre elle peut se faire cuire au four, à la vapeur, à l’eau, à l’étuvée et être transformée en purée, en frites, en chips ou en galettes. De plus, à cause de sa saveur sucrée elle se prête aussi à la fabrication de gâteaux et biscuits divers.
Enfin, au-delà de l’alimentation humaine, ce tubercule trouve un débouché dans l’alimentation animale et en distillerie pour la production d’alcool.